Interview avec Alida Kouassi
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Alida Kouassi, une professionnelle de la communication, reconvertie dans la gestion. J’ai travaillé en agence de publicité en Côte d’Ivoire mon pays d’origine et au Gabon pendant plusieurs années au poste de Directrice artistique avant de venir m’installer au Québec en 2015. Depuis presque 2 ans, j’occupe le poste de coordinatrice générale d’une jeune chambre de commerce de la diversité.
Selon vous, quels intérêts ont les entrepreneurs de la communauté noire à travailler ensemble?
Les entrepreneurs sont d’une certaine manière les architectes de la société. Ils jouent un rôle important dans le progrès économique, l’innovation, la création d’emplois et la transformation sociale. Il est de plus en plus clair que l’union des forces individuelles des entrepreneurs de la communauté peut offrir des opportunités exceptionnelles et des avantages réels. Mon constat est que ces opportunités ne sont pas exploitées dans la communauté et cela est bien dommage. Nous avons assez de valeurs individuelles. Elles gagneraient a fédérer un peut plus souvent afin de mettre sur pieds de gros joueurs capables de faire réellement bouger les lignes. Ne dit-on pas que : “Seul on va vite mais ensemble on va plus loin”?
Pouvez vous developper un peu plus?
Les entrepreneurs ont plusieurs avantages à travailler ensemble. Une collaboration bien pensée peut favoriser la croissance individuelle et collective à travers le partage d’expériences et de connaissances, permettant ainsi un apprentissage mutuel. Cela peut évite a certains de recommencer à chaque fois ou de répéter les erreurs des autres. Ils peuvent s’entraider, partager des conseils et de bonnes pratiques ou accéder à des ressources et à des opportunités auxquelles ils n’auraient peut-être pas accès s’ils étaient isolés. Il peut s’agir de financements, de réseaux commerciaux plus larges, de formations ou de programmes de soutien.
En combinant leurs ressources et leurs efforts, ils peuvent générer des économies d’échelle en négociant des tarifs préférentiels auprès des fournisseurs ou bénéficier d’une plus grande visibilité, attirer davantage de clients et accroître leurs notoriétés.
Lorsque les entrepreneurs s’unissent, ils ont une voix plus forte pour défendre leurs intérêts communs. Ils peuvent plaider en faveur de politiques favorables à l’entrepreneuriat, influencer les décisions gouvernementales et faire entendre leurs préoccupations. L’unité permet de représenter les intérêts de la communauté entrepreneuriale de manière plus efficace et d’avoir un impact plus significatif sur l’environnement entrepreneurial.
Trois exemples interessants pour illustrer mes propos.
Lors de la coupe du monde Qatar 2022, nous avons assisté en Afrique francophone à un coup de force inédit. Nous nous rappelons de New Word TV qui a pu rafler au géant Canal + Afrique, la diffusion de la coupe du monde dans 19 pays francophone avec des offres plus conforment aux capacités financières des pays concernés. En plus, les matchs ont été commentés dans des langues africaines ce qui était une réelle plus value pour les téléspectateurs. Une petite révolution a-t-on dit. L’initiative venait de jeunes africains de la diaspora européenne et américaine qui se sont mis ensemble pour créer une chaine panafricaine pour les africains.
Le second exemple est la plateforme Afrikrea, une place de marché en ligne crée en 2016 par des jeunes de la diaspora africaine de France. Elle permet d’acheter les produits de créateurs indépendants africains basés sur le continent ou ailleurs dans le monde. En 2018, la plateforme revendique plus de 50 000 utilisateurs dans 145 pays et génère à l’époque plus de 2 millions d’euros de transactions. Désormais installé à Abidjan en Côte d’Ivoire, le site traite plus de 10 millions de dollars de transactions dans plus de 150 pays.
Enfin l’exemple du Kenya qui est parvenue à devenir une puissance mondiale dans l’industrie du thé et occupe aujourd’hui la 3ème place derrière la Chine et l’Inde grâce à une initiative singulière appelée KTDA (Kenya Tea Développement Agency). KTDA regroupe de petits producteurs de thé au sein d‘une coopérative pour fédérer les forces. L’on parle ici d’environ 600 000 petits producteurs qui détiennent 60 compagnies de thé et assurent 60% de la production nationale. Du fait, cette compagnie devient le premier producteur de thé ainsi que le 1er exportateur dans le pays avec plus d’un million de dollars de vente de thé par an.
Nos entrepreneurs gagneraient à multiplier ce genre d’initiatives. L’unité en entrepreneuriat est a considérer pour encourager la collaboration, renforcer la voix collective, accéder à des ressources et opportunités et augmenter la visibilité. Les entrepreneurs peuvent collaborer pour créer un environnement propice à la croissance et au succès de chacun. Cela peut leur permettre de rêver grand.